Des modalités spécifiques à mettre en oeuvre pour adapter sa pédagogie aux EHP dans un établissement public - Extrait memoire Isabelle Salvador
1- L'ACCELERATION Pour mieux respecter le rythme de développement
intellectuel de l’enfant. La notion de cycle d'apprentissage permet de
mieux tenir compte de l'évolution psychologique et physiologique de chaque
enfant et de chaque jeune car elle est distincte des notions d'âge et de structure d'accueil.
(Loi d’orientation 1989). Ainsi, l’accélération, pour les EHP, viserait à empêcher que l’enfant ne
subisse un décalage trop important entre capacités intellectuelles et programmes
scolaires, et l’installation de l’inhibition intellectuelle. C’est d’ailleurs ce que préconisent de
nombreux spécialistes. Mais il faut étudier cette mesure au cas par cas, connaître l’avis de l’enfant.
Celui d’un psychologue peut aussi aider à la prise de décision.
2- L’ENRICHISSEMENT Pour répondre à leur curiosité et leur soif de
connaissances, pour leur donner un accès plus large à l’information.
Il s’agit d’ouvrir les enfants sur le monde,
véritablement de "nourrir" la curiosité intellectuelle de l’enfant et de lui faciliter l’acquisition
de processus de pensée et de créativité. Dans les faits, cet enrichissement peut être pratiqué
par l’enfant lui-même, au moyen d’outils qui lui sont remis. Généralement un enfant précoce n’a pas besoin
d’autant de temps que ses camarades pour apprendre le programme officiel de sa classe.
J.C. Terrassier souligne que c’est une erreur que lui donner à faire « davantage de la même
chose » (1989, p78). Il est tout à fait possible de favoriser l’épanouissement
de l’élève en lui fournissant la matière (livres, fiches...) nécessaire à l’enrichissement.
L’attrait de la nouveauté et la possibilité de réaliser par lui-même des activités plus
diversifiées évitera à l’enfant concerné de s’ennuyer dans son coin, et en lui donnant le goût de l’effort
qui lui fait défaut. On peut par exemple imaginer s’appuyer sur
leurs centres d’intérêt qui sont aussi ceux des autres enfants, pour leur proposer des
activités quand certains élèves de la classe (précoces ou non) terminent leur travail en avance. Ces
activités doivent pouvoir être suspendues à n’importe quel moment et reprises
ultérieurement, non bruyantes, pour les autres. On peut aussi prévoir des plages horaires spécifiques
pour des ateliers particuliers et faire appel à des intervenants ou parents. Les activités périscolaires, les visites,
excursions, projet éducatifs, sont aussi particulièrement propices à la mise en oeuvre
de cette solution pédagogique. La créativité des enfants s’accommode parfaitement bien des
exposés et autres travaux de groupe qui pourraient ainsi être réalisés. Il s’agirait
alors de faire profiter aux autres enfants des compétences des EHP, qui peuvent aussi être
pour les autres source de motivation. D’ailleurs dans un de mes stages, j’ai
conservé les activités d’exposés mises en place par l’enseignante titulaire et tous les enfants
étaient ravis de le faire et demandeurs. La présentation d’exposés et aussi une modalité,
comme je l’ai mentionné, de l’école spécialisée, qui plait à ces enfants et
apporte de nombreuse connaissances. Les exposés obligent les enfants à choisir les
informations à transmettre et les organiser, ce qui est souvent un point faible pour ces enfants. Bien
sur, il ne faudrait pas oublier de structurer les informations en faisant une synthèse
collective, quand ces exposés entrent dans les apprentissages d’une notion. L’enrichissement doit aussi répondre à leur
fonctionnement global. Le découpage de l’enseignement en petites unités séquentielles
ne convient pas aux EHP, qui pour apprendre et comprendre ont besoin d’une vision
générale. Il s’agirait alors de concevoir des documents supplémentaires recouvrant l’ensemble
de l’objet d’étude, avant de revenir audétail de chaque élément. Ceci est concevable
dans certains domaines. Par exemple en histoire, pour étudier un fait, présenter l’ensemble
de la période de façon succincte (différents supports à proposer en amont), les
évènements qui sont à l’origine du fait étudié, puis passer au fait lui-même. D’une façon
générale, il s’agit de replacer les faits, personnages, dans leur contexte historique.
3- L’APPROFONDISSEMENT Pour répondre à leur besoin de sens absolu et
de complexité.
Comme son nom l’indique, il consiste en l’étude
plus complète des sujets abordés dans le programme "officiel". Il n’est pas question ici, comme dans l’enrichissement,
de multiplier les matières, mais plutôt d’aller au fond des choses dans un domaine
précis. Exemple il s’agirait en mathématiques de leur
donner des exercices différents de complexité croissante, comme le fait l’école spécialisée
que j’ai contactée. Par exemple en mathématiques, une notion étant acquise, on
peut leur proposer de concevoir un problème mathématique incluant cette notion. L’approfondissement passe aussi par l’acceptation
des questions qui dépassent les exigences du programme et la formulation de
réponses. Même si tous les enfants n’ont pas la même curiosité, les réponses peuvent aussi
être riches pour tous. Par contre, le temps scolaire étant limité, des choix devront être
faits en fonction de la situation et de la nature de la question: réponse immédiate, différée,
communication des sources à consulter pour avoir une réponse …. De Craecker, en 1951, disait aussi de l’approfondissement
en direction des enfants précoces qu’il contribuait "non seulement à leur
développement mental, mais aussi à leur ndéveloppement moral et social, notamment en
leur faisant comprendre et accepter leurs obligations envers les autres".L’absence de complexité dans les
apprentissages se traduit, selon J Siaud-Facchin (2002, 123) par des troubles du comportement divers
agitation, bavardages, agressivité, qui, selon moi perturbent davantage le déroulement des
apprentissages au sein de la classe que de prendre le temps de répondre à leurs besoins.
4 - LE TUTORAT
En particulier pour réguler la prise de parole et les
relations des EHP
Par rapport au problème de prise de parole
intempestive, et en dehors des exposés, on peut me semble t-il, proposer à l’enfant concerné,
de faire partie des d’auxiliaires du maître, dont la mission essentielle serait d’expliquer à un
enfant ce qu’il n’a pas compris. Lors d’un entretien, il faudrait prendre le
soin d’expliquer à l’enfant qu’on ne pas toujours lui donner la parole et que l’on sait que très
souvent il connaît les réponses aux questions. On préfère alors interroger ceux qui ont besoin
de plus de temps pour comprendre ou qui ont des difficultés pour mieux les aider. Par
contre on pourra faire appel à lui dans deux situations spécifiques, celle ou on a besoin
rapidement de la réponse, ou pour expliquer à un ,enfant quelque chose qu’il n’a pas compris.
Cela ne doit pas empêcher de le questionner de temps en temps. Cette situation me semble bénéfique pour tous,
pour l’enfant aidé mais aussi pour l’EHP, qui doit faire comprendre à autrui. Cette tâche
nécessite une structuration des connaissances, une clarification, mais comporte aussi des aspects
de communication et relationnels, qui manquent souvent aux EHP. Bien sur d’autres
enfants dans la classe peuvent aussi occuper ce rôle. Par contre, il est à noter qu’une «
formation» serait importante pour éviter notamment que les réponses soient données aux
élèves qui ont des difficultés et pour favoriser leur questionnement;
5 - LE REGROUPEMENT D'EHP Au sein d'une classe non spécialisée
Face à la souffrance de l’isolement des EHP,
exposée par les parents et par les enseignants, je propose, qu’au sein d’une
classe lambda, plusieurs EHP soient regroupés. Je ne vois pas de bonnes raisons qui puissent
justifier de maintenir cet isolement, qui se traduit dans certains cas par de l’agressivité.
Chaque enfant a, il me semble le droit et le besoin de tisser des liens satisfaisants avec
des pairs. Il en va de leur équilibre affectif et psychologique qui est tout aussi important que
l’acquisition de savoirs. N’oublions pas que ceux sont de futurs citoyens. Ce dispositif
permettrait non seulement un développement affectif de ces enfants plus harmonieux, mais
encore une certaine émulation entre eux qui pourrait être source de motivation
supplémentaire au travail. Cela permettrait aussi pour certains objets d’apprentissage de faciliter
la constitution de groupe de besoin. En outre cette mesure est conforme à ce qui
est noté dans l’article 15 ter « Pour l'application des dispositions du présent article, des
établissements scolaires peuvent se regrouper pourproposer des structures d'accueil adaptées. »
- Observation d'une séance de sciences en CM2
- Observation d'une séance en langue étrangère
(anglais) en CM2 - Observation d'une séance d'orthographe en CM1 - Des pistes pédagogiques à explorer - Cinq modalité spécifiques à mettre en oeuvre pour adapter sa pédagogie aux EHP dans un établissement public - Comment appliquer des actions porteuses de sens pour tous les enfants - Des difficultés prévisibles
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