Observation de séance de sciences en CM2 - Extrait du mémoire professionnel d'Isabelle Salvadori
J’ai été accueillie par l’enseignante des CM2,
dés le début des cours de l’après-midi. J’ai transcrit d’une partie de la séance
seulement car les temps de pause entre toutes les interventions des protagonistes de la classe
sont inexistants. Il aurait donc fallu réaliser un enregistrement audio ou vidéo pour restituer
les séances dans leur totalité. Cette retranscription partielle, présentée en annexe
4 (p 42) me permet de formuler les remarques suivantes :
La séance semble être une séance « classique »
de cours magistral dialogué : un document dactylographié support du cours, des
aller-retour entre le document et des discussions permettant des reformulations et des apports d’informations,
essentiellement par les élèves. Mais une observation plus fine et des
questions à l’enseignante permettent de faire plusieurs constats :
Les élèves, lors de cette séance, sont «
acteurs » de leurs apprentissages. Ce sont des cobâtisseurs de leurs savoirs, par le partage de leurs
connaissances. L’enseignant a surtout cadré les interventions, sans apporter d’emblée
le savoir. Cependant cela ne signifie pas que l’enseignante a laissé tout dire sans
intervenir, elle a spécifié toutes les erreurs aux élèves, a reformulé l’essentiel de chaque thème. Cette séance fait partie d’une phase de
découverte. On peut avoir l’impression que trop d’informations étaient données. En fait, c’est
un choix pédagogique : faire une ou deux séances de présentation globale du sujet
étudié, qui permette d’envisager l’ensemble des données sur l’énergie, avant de revenir sur le
détail de chaque composant. Cela prendra, au sein de la classe, la forme d’exposés réalisés
par les élèves sur chaque type d’énergie. Ces exposés s’intègrent à un projet sur l’énergie
qui prendra la forme d’un journal ou d’une exposition, avec l’invitation d’un dirigeant d’EDF
qui sera là pour répondre aux questions des enfants.
Ces exposés font partie le plus souvent
possible d’un projet : expositions, informations, dont le public est soit les parents soit d’autres
classes. Les supports proposés sont nombreux : accès Internet, abonnement à des revues
scientifiques entre autre, banque d’images et de films, …
J’ai observé dans cette classe une autre
séance au cours de laquelle, une élève a fait un exposé sur le sang. Elle avait réalisé un
support avec des images et des textes courts. Elle a présenté la composition du sang, les fonctions
de chaque composant de façon précise, puis a expliqué le système circulatoire en
insistant sur le rôle du coeur. Pendant l’exposé, une certaine liberté a été
donnée aux enfants puisqu’ils pouvaient faire autre chose qu’écouter : - Certains ont dessiné, des dinosaures, des
dragons, joué avec leur matériel,… Cela peut surprendre mais la justification me sera
donnée ultérieurement par l’enseignante (Cf. : la partie sur les entretiens avec les
enseignants) - D’autres ont pris des notes sur une feuille,
une ardoise, ou écrit des questions. Ils ont eu l’occasion de les poser à la fin : Qu’est ce
qui fait battre le coeur ? Réponse de l’enseignant : le coeur est un muscle involontaire…. « Oui
mais qu’est ce qui lui donne l’énergie debattre ? » D’autres questions sur la leucémie,
le don de plaquettes, les groupes sanguins (donneurs et receveurs universels)… L’enseignante
a apporté des réponses à ces questions. Elles ont aussi initié des recherches dans le
dictionnaire. Elles montrent combien les EHP sont à la recherche de sens, s’intéressent à
un ensemble de savoirs dans chaque domaine, qui peut mener à dépasser les programmes. Cette prise en compte de cette spécificité est une des particularités de la pédagogie de l’école. Un autre constat m’a étonnée dans cette séance
: le calme des élèves, leur absence d’agitation, leur participation assidue et
collective (une exception). Je rappelle que 75% des parents avaient noté l’existence dans l’école
publique de difficultés comportementales de leur enfant (isolement, prise de parole
intempestive, agitation…)
Comment expliquer ce changement ? ce que j'ai observé :
- les élèves ont la possibilité de s’exprimer
à tout moment à partir du moment où ils lèvent le doigt ou prennent la parole sans
interrompre un camarade. Ils respectent le tour de parole de chacun en ne coupant pas la parole aux
autres car ils savent qu’ils pourront parler à leur tour. A une ou deux reprises, celui qui a
coupé la parole a été repris par les autres « Attends, il n’a pas fini. ».
– Des réponses aux questions sont données ou
reportée à une date précise (« X y répondra lors de son exposé telle date)
– L’enseignante accepte d’aller au-delà du
programme et répond ainsi aux attentes et à la curiosité de ces enfants.
– Elle accepte des interventions
humoristiques des élèves – Elle accepte qu’ils aient une autre
activité en parallèle.
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On perçoit aussi très vite leur besoin d’expression
orale, trait commun à quasiment tous les enfants. D’ailleurs, ils veulent intervenir et
interviennent sur tout, sur ce que dit l’enseignant, les autres. Ils n’hésitent pas à reprendre un
camarade qui se trompe. Ils donnent souvent la source de leurs propos (« J’ai lu dans … que …»)
et racontent volontiers des expériences vécues. lls n’ont pas d’appréhension sur le fait de se
tromper et sont capables de rire de leurs erreurs, acceptent l’intervention d’autres
enfants dans ce sens. Mais à travers cette retranscription, on s’aperçoit que s’ils ont
des connaissances solides et très précises, mais qu'ils ont aussi des conceptions erronées, qu’il faut
rectifier en permanence, alors qu’ils croient par moment avoir tout compris ou tout savoir.
La retranscription de cette partie de la
séance permet aussi de prendre conscience qu’ils ont du mal à choisir la bonne information parmi
celles qui sont disponibles dans leurs banques de connaissances. En effet, sur plusieurs
exemples de demande de définition, on s’aperçoit que les élèves ne rapprochent pas cette
demande du contexte dans laquelle elle a été formulée si cela n’est pas spécifié. Ils
proposent toutes sortes de définitions en fonction de leurs connaissances relatives à différentes
situations. C’est un exemple de leur pensée arborescente et de leur capacité à activer
plusieurs réseaux en même temps. L’enseignante utilise aussi beaucoup l’humour
dans ses interactions avec les élèves. Elle a, dans cette séance, adopté plus un rôle de
guide, en laissant une large part à l’expression des élèves.
- Observation d'une séance de sciences en CM2
- Observation d'une séance en langue étrangère
(anglais) en CM2 - Observation d'une séance d'orthographe en CM1 - Des pistes pédagogiques à explorer - Cinq modalité spécifiques à mettre en oeuvre pour adapter sa pédagogie aux EHP dans un établissement public - Comment appliquer des actions porteuses de sens pour tous les enfants - Des difficultés prévisibles
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