L'aehpi s'implique dans l'Education nationale |
[B.O.] n° 45
du 03 décembre 2009 |
Guide d'aide à la conception de modules de formation pour une prise en compte des élèves intellectuellement précocesNOR : MENE0900994C RLR : 501-9bcirculaire n° 2009-168 du 12-11-2009 MEN - DGESCO A1-1 |
Le
référent académique désigné aux termes de la circulaire
précitée apportera aux responsables académiques et départementaux de
formation l'aide nécessaire à la réalisation d'un plan académique de
formation, en analysant les besoins en formation et en mobilisant les
ressources locales.
Pour
le ministre de l'Éducation nationale, porte parole du Gouvernement
et par délégation, Le directeur général de l'enseignement scolaire Jean-Louis Nembrini Annexe : Élèves
intellectuellement précoces - Guide d'aide à la conception de modules
de formation Document
élaboré par un groupe national, en application de la circulaire
2007-158 du 17-10-2007, DGESCO 2009 Introduction :
pourquoi un guide ? Une volonté :
contribuer à
une meilleure prise en compte de la situation spécifique des élèves
intellectuellement précoces ou manifestant des aptitudes particulières.
Celle-ci s'inscrit dans la perspective plus large des réponses
apportées aux besoins éducatifs particuliers dans le système éducatif. Un cadre
officiel : La
loi d'orientation et de programme pour l'avenir de l'École :
article 27 codifié L 321-4 : « Des
aménagements appropriés sont prévus au profit des élèves
intellectuellement précoces ou manifestant des aptitudes particulières,
afin de leur permettre de développer pleinement leurs potentialités. La
scolarité peut être accélérée en fonction du rythme d'apprentissage de
l'élève. » La
circulaire n° 2007-158 du 17 octobre 2007 :
circulaire relative au parcours scolaire des élèves intellectuellement
précoces ou manifestant des aptitudes particulières à l'école et au
collège. Celle-ci prévoit « un ensemble de mesures coordonnées
aux
niveaux académique et départemental » et souligne la nécessité
d'« efforts importants en matière d'information et de
formation en
direction des personnels du premier et du second degrés ». Un objectif : favoriser la
mise en place des formations nécessaires à une meilleure prise en
compte de la situation spécifique des élèves intellectuellement
précoces ou manifestant des aptitudes particulières. - En
formation initiale, attirer
l'attention des futurs
maîtres sur la nécessité de reconnaître la diversité des élèves et de
la prendre en compte par leur action pédagogique dans l'école ; et
donc, s'assurer que la problématique de la précocité intellectuelle est
traitée à ce titre avant l'entrée dans le métier. - En
formation continue, sensibiliser
et mieux informer les
enseignants des premier et second degrés sur la précocité
intellectuelle pour leur permettre d'adapter leurs pratiques. -
Dans les plans de formation des directeurs d'école et des principaux de
collège,
inscrire un module spécifique mettant en évidence leur responsabilité
dans le dialogue conduit avec les familles et dans la coordination des
actions engagées. - À
l'intention des psychologues et des médecins de l'Éducation nationale, donner à chacun les moyens de
jouer pleinement son rôle à l'égard de ces élèves, de leurs parents et
de leurs enseignants. Un outil : ce guide est
destiné aux responsables de formation et aux formateurs afin de les
aider dans cette démarche. Conçu comme un ensemble de fiches, il n'a
pas la prétention d'apporter une information exhaustive sur la question
des aptitudes intellectuelles particulières mais propose des pistes
pour construire des stages ou des modules et des ressources pour en
nourrir le contenu. Évolutif, il sera mis en ligne et régulièrement
actualisé. Ainsi, il intégrera progressivement les contributions des
académies. 1 - Un bref
rappel : qui sont les élèves intellectuellement
précoces ? L'attention
est portée depuis quelques années sur la situation,
apparemment paradoxale, des élèves qui, bien que présentant de
remarquables capacités intellectuelles, ne réussissent pas dans les
apprentissages scolaires. Leur comportement et leurs performances
ne sont pas ceux que l'on pourrait attendre au vu de leur très bon
développement intellectuel, le plus souvent validé par des tests
d'intelligence. Certains d'entre eux rencontrent même d'importantes
difficultés en classe pouvant les conduire à des redoublements et à un
désinvestissement progressif de l'école, souvent accompagné de désarroi
psychologique et/ou de troubles des conduites (le rapport remis au
ministre de l'Éducation nationale en janvier 2002 constituait une
synthèse de cette question qu'il convient de compléter par la
nécessaire actualisation de certains points et la prise en compte des
récentes études scientifiques et pédagogiques). Si
l'approche de la situation de ces élèves fait aujourd'hui
l'objet d'une certaine convergence des points de vue des professionnels
de l'enfance et des familles, les enfants concernés ne constituent pas
une population identifiable comme telle. Il faut
souligner la très grande diversité de leurs profils
(langage, mémoire, adaptation, motivation, personnalité, etc.). Ils
n'ont en commun que le fait de bénéficier de certaines capacités
remarquables et l'écart constaté entre ces capacités et les
performances réalisées, en particulier en milieu scolaire. Cette
extrême diversité peut expliquer la variété des termes employés pour
identifier ces élèves :
« intellectuellement précoces »,
« doués », « surdoués »,
« talentueux », « à haut
potentiel », « manifestant des aptitudes
particulières », etc. À travers les mots, ce sont des concepts
différents qui sont utilisés. D'un pays à l'autre, d'un contexte à
l'autre, parfois d'un établissement à l'autre, on ne parle pas
exactement des mêmes élèves. Si, en France, la dénomination
« élèves
intellectuellement précoces » a été majoritairement adoptée,
elle est
souvent contestée, en particulier dans la communauté universitaire. Les
textes officiels retiennent une expression plus ouverte :
« élèves
intellectuellement précoces ou manifestant des
aptitudes
particulières ». Il ne
saurait être question
d'entreprendre un repérage systématique des enfants présentant des
potentialités intellectuelles exceptionnelles.
Ceux-ci sont en général bien accueillis, adaptés à l'école et, pour
leur grande majorité, en situation de réussite scolaire. Il s'agit en
revanche d'apporter l'aide et l'accompagnement nécessaires à la
minorité qui, parmi eux, est en souffrance (ou est susceptible de
l'être). L'hypothèse
d'un écart entre
les compétences attribuées et des difficultés avérées dans un ou
plusieurs domaines d'apprentissage est donc le point de départ de
l'interrogation qui justifiera une évaluation approfondie. Celle-ci
nécessite l'éclairage des regards complémentaires des professionnels
spécialisés. L'évaluation
psychologique et intellectuelle est
indispensable à l'analyse des difficultés d'apprentissage et à la
reconnaissance des potentialités intellectuelles de l'élève quelles
qu'elles soient. La transmission des informations qui en
sont issues
appelle, au-delà de la responsabilité professionnelle propre aux
psychologues, quelques remarques :
- Si
le quotient intellectuel
(QI) a longtemps été utilisé comme unique critère pour repérer les
enfants intellectuellement précoces, il est aujourd'hui considéré comme
un simple indicateur parmi d'autres.
Les performances aux tests d'intelligence ne sont que des
approximations du fonctionnement cognitif d'un sujet dans un domaine
général ou particulier, et leur interprétation par les psychologues se
fait en association avec d'autres informations psychologiques,
pédagogiques et personnelles.
- Le
QI ne peut rendre compte à lui seul de la diversité des formes de
l'intelligence.
Le recueil d'autres données psychologiques est nécessaire. Comme dans
certains pays, les procédures d'identification des enfants à haut
potentiel intellectuel devraient intégrer des indicateurs
complémentaires (créativité, motivation, environnement...).
- La
mesure de l'intelligence, sensible à de nombreux paramètres
et dépendante du test utilisé, s'exprime habituellement en valeurs
relatives (indices ou Q.I.) qui incluent des erreurs de mesure et
impliquent l'utilisation d'intervalles de confiance. Ces données
psychométriques ne sont que des approximations, elles remettent
nécessairement en question toute référence à un seuil (120, 125, 130,
150...).
- Le
diagnostic de précocité intellectuelle, élargi désormais à
celui de haut potentiel ou de talent, est l'aboutissement d'un
processus collectif d'évaluations et d'échanges qui implique dans le
système éducatif l'ensemble des professionnels concernés et les parents.
- Les
informations psychométriques sont des données
confidentielles et leur utilisation se fait avec retenue, dans le souci
de la protection des personnes ; la
qualification de précocité
intellectuelle appliquée à un enfant a des implications dans sa vie et
celle de sa famille qui, bien que méconnues et peu étudiées, ne sont
pas anodines et imposent réserve et réflexion.
2 - Quatre objectifs
Un premier objectif :
conduire
chacun à mieux connaître les élèves intellectuellement précoces pour
développer à leur égard une attitude ouverte et positive.
La
méconnaissance de cette problématique induit une inattention à
l'égard de ces élèves, voire un refus de principe de toute prise en
compte. Le rôle de la formation est donc avant tout d'apporter une
information dénuée d'a priori et de favoriser une attitude accueillante
et ouverte à cette « différence ». Il s'agit, d'une
part, de dépasser
les approches idéologiques et affectives, sans faire l'économie d'une
présentation claire de celles-ci, d'autre part, d'attirer l'attention,
par une analyse objective, sur la situation spécifique des élèves dits
intellectuellement précoces, sur les potentialités qu'elle implique et
sur les difficultés ou les souffrances qu'elle peut engendrer.
Par ailleurs, la découverte
de ce besoin éducatif particulier ne
peut que contribuer à une ouverture plus large à la diversité et à la
complexité des profils des autres élèves.
Un deuxième objectif : faciliter le repérage et la compréhension des difficultés des élèves intellectuellement précoces. Pour
apporter une aide à ces élèves, il convient d'identifier les
indices révélateurs de leur situation. Il n'est, bien sûr, pas question
d'inciter à un « dépistage » systématique, mais
seulement de repérer un
besoin éducatif à prendre en compte, voire les premiers symptômes d'une
situation de difficulté ou d'échec.
- Il
s'agit d'abord d'amener les enseignants à être attentifs à
ces indices, susceptibles d'être liés à la précocité et à faire appel à
la contribution de personnels spécialisés. La formation doit les aider
à repérer et à comprendre ces profils particuliers, à être ouverts à
leurs potentialités, mais aussi prêts à réagir face aux difficultés et
à éviter qu'elles ne deviennent des facteurs d'exclusion et de
souffrance. Les professeurs doivent donc être préparés à adapter leur
attitude et leur stratégie à ces enfants tout en sollicitant les aides
nécessaires. Leur vigilance doit être ouverte à des champs très
divers : l'attitude face à l'école, face aux activités
proposées, les
relations avec les autres (élèves ou adultes), la communication écrite,
le langage oral, les modalités d'apprentissage, les
« décalages »,
l'image de soi, etc.
-
Parallèlement, les personnels spécialisés doivent bénéficier
d'une formation complémentaire pour mettre leur compétence
professionnelle au service de ce repérage. Une telle formation concerne
tout d'abord les psychologues scolaires dans le premier degré et les
conseillers d'orientation psychologues dans le second. Elle pourrait
utilement être étendue aux médecins de l'Éducation nationale.
Un
troisième objectif : favoriser une prise en charge
scolaire a daptée aux besoins des élèves intellectuellementprécoces. La
formation doit aussi permettre à chacun de mettre en place les
adaptations nécessaires pour la réussite de la scolarité des élèves
intellectuellement précoces. Chacun doit être préparé à jouer son rôle,
mais aussi à intégrer son action dans une stratégie globale, continue
et cohérente :
-
l'enseignant dans sa classe ; c'est le premier acteur de
la prise en charge pédagogique des élèves intellectuellement précoces.
Par la différenciation pédagogique, la mobilisation des ressources de
l'école (aides personnalisées, voire aides spécialisées), il doit
mettre en œuvre tous les moyens disponibles et coordonner l'ensemble
des interventions à travers un projet cohérent ;
- les
chefs d'établissement et
les directeurs d'école pour tout ce qui concerne l'organisation
collective et le parcours de l'élève ;
- les
cadres départementaux et académiques pour le
développement de dispositifs d'accueil, d'expérimentations ou de
centres de ressources, éventuellement pour la constitution d'un
véritable réseau susceptible de scolariser les élèves rencontrant les
plus grandes difficultés. Par exemple, dans le premier degré, le rôle
de l'I.E.N. est essentiel, tant pour l'information de l'ensemble des
acteurs, la mobilisation des aides ou l'accompagnement des équipes.
Un
quatrième objectif : aider les enseignants à
établir des
relations bienveillantes et constructives avec les parents des élèves
intellectuellement précoces.
La
relation avec les parents est déterminante : dès les premières
années de la scolarité, la famille doit pouvoir placer sa confiance
dans l'école en étant certaine que son enfant sera accepté, reconnu
avec ses particularités et soutenu dans ses besoins. Établir cette
confiance, transmettre une information objective et précise, ménager
des rencontres régulières pour travailler avec les
parents constituent des démarches indispensables auxquelles la
formation doit préparer.
3 - La stratégie :
quelle formation ? Pour qui ?
3.1 Quels publics ?
Trois
publics doivent d'emblée être distingués : les enseignants,
les personnels spécialisés, tels que les psychologues scolaires ou les
conseillers d'orientation psychologues, et enfin les personnels
d'inspection et de direction. Chacun requiert une stratégie et des
modalités de formation spécifiques :
Les
enseignants du premier et du second degré
Tous
les enseignants ont besoin d'une formation, ne serait-ce que
pour reconnaître chez l'enfant intellectuellement précoce un élève à
besoins éducatifs particuliers, pour être partie prenante d'un projet
personnalisé adapté à sa situation et pour engager un dialogue
pertinent avec la famille.
Il
est souhaitable qu'une information de base soit apportée dans
le cadre de la formation initiale, à l'intérieur des modules orientés
vers la connaissance des besoins éducatifs particuliers et vers leur
prise en compte dans la classe et dans l'établissement scolaire.
L'introduction de la situation des élèves « intellectuellement
précoces » dans ce cadre ne peut qu'enrichir la réflexion des
futurs
enseignants sur la « diversité » des besoins et la
nécessaire
différenciation des réponses pédagogiques. Il conviendra d'être
attentif, sur ce point, à l'élaboration des maquettes des masters et
des dispositifs prévus pour accompagner la prise de fonction des
nouveaux professeurs.
Pour
l'ensemble des enseignants en poste aujourd'hui, il
appartient aux responsables de la formation continue et aux corps
d'inspection de s'assurer de cet apport minimal. Par ailleurs, le
soutien des maîtres qui ont directement à prendre en charge des enfants
intellectuellement précoces dans leur classe est indispensable. Une
attention particulière doit être portée à ceux qui accueillent pour la
première fois un tel élève. Enfin, des formations optionnelles plus
approfondies pourraient être proposées à des enseignants ou des équipes
prêts à se mobiliser autour d'un projet spécifique pour l'accueil des
élèves intellectuellement précoces.
Les
personnels spécialisés
Une
formation plus développée et plus « technique » doit
être
destinée à ceux qui ont la responsabilité d'aider à l'identification et
au diagnostic des difficultés liées à la précocité et de répondre aux
interrogations des enseignants et, parfois, des parents alertés par le
comportement ou les résultats des élèves :
- Les
psychologues scolaires :
leur rôle est essentiel dans
le repérage de ces élèves. La formation des psychologues scolaires
conduit d'abord à garantir une unité de traitement des élèves et de
leur famille sur le territoire par l'exercice de leur expertise
professionnelle dans le cadre institutionnel. Le rôle du psychologue
scolaire ne se limite cependant pas à l'expertise psychologique
incluant les outils de psychométrie, il concerne également
l'accompagnement de l'enfant et de sa famille dans le parcours
scolaire. Enfin, son aide est précieuse pour les enseignants en
éclairant la compréhension de comportements d'élèves qui peuvent les
surprendre, voire les dérouter.
- Les
conseillers d'orientation-psychologues : comme les
psychologues scolaires, ils ont une mission d'expertise qui doit être
développée dans le suivi du parcours scolaire de l'élève et dans le
cadre de l'orientation. S'ils sont moins concernés par le repérage,
leur rôle est tout aussi essentiel pour aider les enseignants à mieux
comprendre le profil scolaire de l'élève, pour faciliter le dialogue
avec celui-ci et avec sa famille ou pour faciliter la construction d'un
projet d'orientation bien adapté aux besoins.
- Les
médecins de l'Éducation nationale : la
variété des profils des enfants à haut potentiel doit être connue des
médecins, pour qu'ils soient en mesure d'évoquer cette origine devant
des tableaux très variés, y compris face à des manifestations de
troubles des apprentissages. Le contenu de la formation s'attachera à
faire acquérir les notions fondamentales évoquant :
. la
diversité des concepts (« haut potentiel »,
« précocité »,
« talents », « capacités
particulières ») et des approches
(neuropsychologiques, développementales, etc.) ;
. les
démarches diagnostiques, y compris les diagnostics différentiels
(T.S.A., T.D.A./H., etc.) ;
. les
variabilités individuelles ;
. les
modes de scolarisation.
La
contribution des médecins est précieuse dans une approche
pluridisciplinaire des situations les plus complexes au niveau du suivi
de ces élèves comme au moment de leur repérage. Une information
spécifique, à leur intention, est donc indispensable.
- Les
personnels d'inspection et de direction :
La
mobilisation de tous ceux qui ont une responsabilité de
coordination et d'animation des équipes enseignantes est
prioritaire :
d'abord dans une logique de démultiplication rapide et efficace de
l'information, ensuite, parce que la scolarisation des élèves
intellectuellement précoces appelle une réponse collective et une
organisation au niveau de l'école, de l'établissement ou du territoire
(secteur, district, bassin, etc.).
Dans
le premier degré, c'est l'ensemble des inspecteurs de
l'Éducation nationale et de leurs conseillers, puis des directeurs
d'école qui doit faire l'objet d'une formation systématique. Ceux-ci
ont en effet à coordonner le repérage des difficultés, l'évaluation des
résultats, la mise en place d'aides personnalisées et, surtout, la
prise en charge décloisonnée de ces élèves aux compétences souvent
hétérogènes. Par ailleurs, la formation des responsables du premier
degré fournit l'occasion de construire un réseau de ressources à
l'échelle de la circonscription ou du département. Une attention
particulière sera portée à la formation des directeurs d'écoles afin de
préciser leur rôle dans l'équipe pédagogique comme dans la relation
avec la famille.
Dans
le second degré, chefs d'établissement, inspecteurs de
l'information et de l'orientation, mais aussi I.A.-I.P.R. ont à
coopérer pour offrir aux élèves intellectuellement précoces des
parcours de formation individualisés (et parfois dérogatoires), pour
accompagner, voire rassurer, les enseignants et pour proposer des
actions ciblées si nécessaire. Au chef d'établissement, revient un rôle
central pour préparer, coordonner, suivre et évaluer les projets
particuliers construits pour chaque élève, mais aussi le projet
collectif dans lequel ils s'inscrivent.
Ces personnels constituent
donc un public à privilégier en mettant
l'accent sur les parcours et les organisations scolaires à développer
en faveur des élèves intellectuellement précoces, mais aussi à
concevoir comme des leviers d'animation pour faire évoluer les
pratiques vers une prise en charge différenciée et adaptée de tous les
besoins particuliers.
3.2 Vers une stratégie académique
Un
principe : c'est
au niveau académique que peut être
construite, coordonnée et régulièrement évaluée une stratégie de
formation cohérente sur la précocité intellectuelle. En effet, une
telle démarche, qui implique les corps d'encadrement et qui concerne le
premier et le second degré, doit s'insérer dans le plan académique de
formation. Il appartient au recteur de désigner la personne responsable
et de valider les propositions qui seront formulées.
Un
référent académique : pour être efficace le projet de
formation doit être porté par une personne clairement identifiée et
reconnue par tous les acteurs comme l'interlocuteur académique sur le
thème de la précocité intellectuelle. Quelle que soit sa fonction
principale (conseiller du recteur, personnel d'inspection, de direction
ou enseignant), ce référent a la responsabilité de rassembler les
ressources, de présenter au recteur un plan complet et réaliste de
formation et d'information et d'en coordonner la mise en œuvre.
Un
réseau de personnes-ressources : la première tâche de la
personne désignée comme « référent académique » est
de recenser, puis
de mobiliser les compétences et les équipes engagées dans la prise en
charge des élèves intellectuellement précoces. Il s'agit de repérer, à
la fois, les formateurs et, éventuellement, les chercheurs, déjà
intéressés par ce thème, les expériences conduites dans l'académie, les
correspondants départementaux désignés par les inspecteurs d'académie,
les enseignants ou personnels d'inspection et de direction sensibilisés
à la situation des élèves intellectuellement précoces. La priorité est
de fédérer ce réseau en suscitant des échanges, et cela à travers une
action permettant de constituer une équipe de formateurs de formateurs.
Un
plan cohérent et progressif : le projet présenté au
recteur doit à la fois être complet (prendre en compte tous les publics
concernés) et réaliste (proposer des étapes dans une programmation
pluriannuelle). Par exemple, il peut proposer une répartition sur trois
ans avec une première étape de regroupement des professionnels de la
psychologie scolaire, un bref module inséré dans la formation des
directeurs d'école et des personnels de direction, des journées
d'information plus larges pour les autres publics, puis des formations
mises en place dans chaque circonscription primaire, etc. Il peut
comporter des objectifs quantifiés, un échéancier, une répartition
entre les différents niveaux de mise en œuvre (académie, département,
bassin, circonscription) et des modalités d'évaluation.
Une possibilité :
inclure ce plan dans une stratégie plus
large visant à la prise en compte de tous les « besoins
éducatifs
particuliers ». Plusieurs académies se sont déjà engagées dans
cette
voie par exemple autour d'un chargé de mission à qui est confié
l'ensemble de ce champ ou à travers un volet spécifique du projet
académique. Dans ce cadre la problématique des élèves
intellectuellement précoces constitue un levier pour faire évoluer les
regards et les pratiques. Bien évidemment, il n'est pas question
d'effacer la spécificité de la précocité intellectuelle dans une
approche globale des besoins éducatifs mais, bien au contraire,
d'inclure des temps et des actions réservés à une information
spécifique dans des stages ou des programmes ouverts à d'autres
situations « particulières ». Cette perspective
favorise les
interactions et les échanges de compétences et permet de toucher un
public plus étendu.
Une bonne articulation entre
la formation initiale et la formation continue :
si un effort est nécessaire pour sensibiliser et informer les
personnels à travers un plan particulier de formation continue, la
prise en compte de la précocité intellectuelle dans toutes les classes
passe par l'implication des universités responsables de la formation
des maîtres. Il convient donc d'être attentif à ce que la situation des
élèves intellectuellement précoces soit présentée dans les modules
consacrés à la diversité des besoins éducatifs dans les maquettes des
plans de formation initiale. Cela passe souvent par des échanges au
niveau local et par des réflexions communes conduites avec les
formateurs universitaires dont l'apport est irremplaçable pour aborder
avec rigueur et précision la question de la précocité.
3.3 Quels contenus?
Les
contenus doivent être adaptés aux publics et aux modalités
choisis, en particulier à la durée de la formation. On peut toutefois
proposer un cheminement, trame possible pour tous les stages. Le degré
d'approfondissement et l'équilibre des éléments constituant cette trame
varieront en fonction des objectifs poursuivis. Elle pourrait être
composée des étapes suivantes :
- la
découverte de quelques situations concrètes d'élèves intellectuellement
précoces rencontrant des difficultés à l'école ;
- un
apport de connaissances sur l'intelligence et sur la précocité ;
- des
informations sur les indices à prendre en compte dans la classe et une
réflexion sur le repérage de la précocité ;
- une
présentation détaillée des réponses pédagogiques possibles ;
- une
sensibilisation à l'enjeu de la relation aux familles.
La
découverte de quelques
situations concrètes d'élèves dits intellectuellement précoces
rencontrant des difficultés à l'école :
Il
est intéressant d'évoquer concrètement le problème pédagogique
posé à travers l'histoire de quelques enfants et adolescents.
L'utilisation de documents audiovisuels ou de témoignages
d'enseignants, de parents, voire d'élèves constitue un bon point de
départ, même sur des temps de formation très brefs. Il s'agit de
susciter une interrogation sur la réussite ou l'échec de la rencontre
de ces jeunes avec l'école.
Un
apport de connaissances sur l'intelligence et sur la
précocité :
Une
intervention théorique, par exemple confiée à des
universitaires, est indispensable. Cet apport devrait se distribuer
autour de quatre pôles :
- L'intelligence :
notions de base (définitions,
principales théories unitaires ou pluridimensionnelles, origine,
développement, etc.), présentation de quelques approches, dont les
neurosciences, pistes de lecture ;
- La psychométrie :
la question de la mesure de
l'intelligence, sa relativité et les débats qu'elle engendre,
présentation de quelques outils, notamment les échelles
d'intelligence ;
- Les mots et les
concepts : « précocité »,
« don »,
« génie », « haut potentiel »,
« doué », « surdoué »,
« aptitudes
particulières » ou « exceptionnelles »,
etc. Quel terme générique
utiliser ?
- La « précocité
intellectuelle » : qu'en
sait-on ?
Qu'est-ce qui caractérise et différencie cette catégorie d'enfants
désignés comme « E.I.P. » ? Quels sont les
points de vue scientifiques
à prendre en considération ?
Des
informations sur les indices à prendre en compte dans la classe et une
réflexion sur le repérage de la précocité intellectuelle :
Il
s'agit à la fois d'aider les enseignants à identifier des
indices pouvant révéler une précocité intellectuelle et de susciter une
réflexion sur les objectifs et les limites d'un tel repérage. Ceci
conduit à distinguer trois séries de questions :
-
Quels sont les comportements et les profils susceptibles de
révéler une situation d'élève intellectuellement précoce ?
Quelles sont
les difficultés qui peuvent être liées à la précocité ?
- Le
repérage des élèves intellectuellement précoces, pour quoi
faire ? Dans quels cas est-il indispensable d'engager un
bilan complet
? Faut-il attendre les difficultés ?
-
Quel est le rôle de chacun ? De l'enseignant ? Du
psychologue scolaire ? Du médecin scolaire ?
Il
convient de proposer une démarche générale permettant un travail
concerté autour des élèves concernés, par exemple :
1.
Observations et interrogations de l'enseignant à propos du comportement
d'un élève.
2.
Échanges avec d'autres professionnels (psychologue, autres enseignants,
etc.).
3.
Rencontre et information de la famille.
4.
Invitation à un examen psychologique et cognitif (psychologue scolaire
ou C.O.P.).
5.
Réunion de l'équipe éducative élargie.
6.
Élaboration et mise en œuvre d'un projet pédagogique personnalisé.
Une
présentation détaillée des réponses pédagogiques possibles :
Il n'est pas question de
proposer un modèle, mais plutôt d'amener
les enseignants, les directeurs d'école et les chefs d'établissement à
prendre conscience de l'ensemble des leviers dont ils disposent pour
proposer à l'élève intellectuellement précoce un parcours scolaire
mobilisateur et réussi qui réponde aux besoins.
Trois niveaux
devront
être distingués :- La
prise en charge dans la classe et autour de la classe :
-
l'attitude de l'enseignant, le statut de l'élève, les relations aux
autres ;
-
l'enrichissement des contenus : proposition de situations plus
difficiles, anticipation dans les programmes, offre de lectures,
recours aux technologies usuelles de l'information et de la
communication, etc. ;
- la
mobilisation sur des centres d'intérêt à travers l'accompagnement
éducatif et les activités périscolaires ;
- le
renforcement de l'autonomie à travers des situations de
recherche, la réalisation d'exposés, l'exercice de responsabilités, un
rôle d'aide auprès d'autres élèves ;
-
l'apport d'aides spécifiques, y compris à travers le dispositif d'aide
personnalisée ;
-
l'évaluation, en développant des démarches d'autoévaluation ;
- la
construction d'un projet personnalisé pouvant aller jusqu'à un
véritable P.P.R.E.
- Une
organisation particulière, éventuellement dérogatoire :
- la
prise en charge dans des groupes spécifiques (avec une
réflexion sur l'articulation entre classe de référence et regroupement
d'élèves intellectuellement précoces) ;
- les
décloisonnements, permettant l'approfondissement de certains
domaines, le regroupement d'élèves sur projet ou la formation de
groupes de besoin ;
- la
fréquentation de la classe supérieure dans certaines disciplines
(accélération différenciée du parcours) ;
-
l'offre d'activités supplémentaires ;
-
l'élaboration par certains
établissements d'un projet global de scolarisation d'élèves
« intellectuellement précoces ».
- Un
parcours scolaire adapté :
- les
possibilités d'accélération du cursus (une année en primaire
et une année en collège) et l'accompagnement que nécessite cette
pratique ;
- les
classes, établissements et filières à projet particulier
(classes ou sections européennes, bilingues, sportives, musicales,
etc.) ;
-
l'offre optionnelle ;
-
l'accompagnement des charnières de la scolarité (entrée en collège et
en lycée) ;
- la
construction d'un projet d'orientation spécifique.
Une
sensibilisation à l'en jeu de la relation aux familles
Ce
point gagnera à être abordé à travers l'expression de
témoignages et de points de vue, par exemple sous la forme d'une table
ronde qui permettrait de mettre en évidence quelques aspects essentiels
de la question :
- la
nécessité d'un accueil particulier de la famille,
bienveillant et serein, afin d'instaurer une relation de confiance
mutuelle ;
- la
construction d'un projet de scolarité recueillant la pleine adhésion
des parents ;
-
l'accompagnement des parents à quelques moments importants :
. le
diagnostic de la précocité intellectuelle ;
.
l'entrée en sixième ;
. la
préparation de l'orientation ;
.
l'entrée en seconde.
4 - Éléments
de bibliographie
Quelques
livres :
-
Gardner Howard : Les intelligences multiples (Retz - Paris
2008)
-
Huteau Michel et Lautrey Jacques : Les tests d'intelligence
(La Découverte - Paris 2006)
-
Lubart Todd [ouvrage collectif] : Enfants exceptionnels -
Précocité intellectuelle, haut potentiel et talent (Bréal - Paris 2006)
-
Crahay Marcel et Chapelle Gaëtane : Réussir à apprendre
(P.U.F. - Paris 2009)
-
Louis Jean-Marc et Ramond Fabienne : Scolariser l'élève
intellectuellement précoce (Dunod - Paris 2007)
-
Winner Ellen : Surdoués, mythes et réalités (Aubier - Paris
1997)
-
Rapport collectif : La scolarisation des élèves
« intellectuellement précoces » (ministère de
l'Éducation nationale -
Paris 2002/ téléchargeable sur http://www.education.gouv.fr)
Quatre
revues :
-
Psychologie française : septembre 2004 - volume 49 - n° 3
(Elsevier)
-
Approche neuropsychologique des apprentissages chez l'enfant (en
particulier les numéros 67, 73, 82 et 92)
-
Bulletin de psychologie : septembre/octobre 2006 - n° 485
- Gifted and Talented
International - Revue du World Council for Gifted and Talented Children
(W.C.G.T.C.)
Un
site :
www.enfants-haut-potentiel.com
: site réalisé par l'équipe du Pr Todd Lubart -
laboratoire
« Psychologie et neurosciences cognitives »
(C.N.R.S.-F.R.E. 2987) -
Université Paris 5 Descartes
5- La situation dans
les pays européens
Des
principes : la position
française, comme celle des autres pays européens, a été définie dans un
cadre international que l'on peut résumer à travers quelques
textes :
-
La Convention relative aux Droits de l'Enfant (Résolution
44/25 du 20-11-1989, article 29) :
« Les États parties conviennent
que l'éducation de l'enfant doit viser à :
a) Favoriser l'épanouissement de la personnalité de l'enfant et le développement de ses dons et de ses aptitudes mentales et physiques, dans toute la mesure de leurs potentialités. » -
La Déclaration de Salamanque et Cadre d'action pour l'éducation et les
besoins éducatifs spéciaux (7-10 juin 1994) :
« 3. L'idée principale qui guide
ce Cadre d'action
est que l'école devrait accueillir tous les enfants,
quelles que soient leurs caractéristiques particulières d'ordre
physique, intellectuel, social, affectif, linguistique ou autre. Elle
devrait recevoir aussi bien les enfants handicapés que les surdoués (.)
4. L'éducation visant à répondre aux
besoins éducatifs spéciaux
intègre les principes avérés d'une bonne pédagogie, dont bénéficient
tous les enfants. Elle a pour point de départ que les différences
humaines sont normales et que, par conséquent, l'apprentissage doit
être adapté aux besoins de chaque enfant, au lieu d'obliger l'enfant à
s'adapter à des hypothèses établies quant au rythme et à la nature du
processus d'apprentissage. (.) »
-
La Recommandation 1248 du Conseil de l'Europe relative à l'éducation
des enfants surdoués
(7-10-1994) :
Extrait du préambule :
« Si, pour des raisons pratiques, il faut
des systèmes d'enseignement qui assurent une éducation satisfaisante à
la majorité des enfants, il y aura toujours des enfants ayant des
besoins particuliers, pour lesquels des dispositions spéciales devront
être prises. Les enfants surdoués figurent parmi ceux-là. »
Article 5 : « 1.La législation devrait
reconnaître et respecter les
différences individuelles. Les enfants surdoués, comme les autres
enfants ont besoin de conditions d'enseignement adaptées. »
Une
grande diversité :
par-delà ces principes communs, chaque pays prend en compte les besoins
des élèves manifestant des aptitudes particulières en fonction des
caractéristiques de son système éducatif. On peut distinguer trois
attitudes différentes :
-
Des pays qui incluent la « précocité » parmi les
« besoins
éducatifs particuliers » et qui préconisent des adaptations
pédagogiques : c'est par exemple le cas de la
France ou de l'Espagne.
-
Des pays qui font de
l'épanouissement des « dons » et des
« talents » un
objectif important de leur politique éducative, comme par
exemple, la Grande-Bretagne.
-
Des pays qui ne considèrent pas les enfants « doués »
ou « talentueux » comme des cas particuliers, mais
qui offrent
dans la classe des possibilités de différenciation pédagogique, voire
de personnalisation des parcours
qui permettent à chaque enfant de progresser en
fonction de ses
potentialités : cette position est celle de la plupart des
pays
scandinaves.
Le document de travail « Mesures éducatives
spécifiques pour la promotion de tous les talents en Europe »
publié en juin 2006 dans la collection Eurydice fournit un bon aperçu
de cette diversité.
6- Quelques points de comparaison :
Les
mots et les concepts :
- Le concept de
« précocité » n'apparaît qu'en France.
- En Finlande, en Norvège et en Suède,
aucun terme n'est utilisé
par souci de ne pas établir une catégorie d'élève particulière et donc
une forme de discrimination.
- La plupart des pays évoquent des élèves
« doués » (ou « très
doués », « particulièrement doués » ou
« surdoués ») : c'est le cas en
Allemagne, en Belgique néerlandophone, au Danemark, aux Pays-Bas (mais
pas officiellement). En Grande-Bretagne, Italie ou République Tchèque,
on parle à la fois d'élèves « doués » et d'élèves
« talentueux ». Une
distinction est parfois établie entre «doué» plutôt réservé au domaine
intellectuel ou académique et «talentueux» utilisé dans les domaines
artistique ou sportif (Grande-Bretagne).
- Trois cas particuliers : la
Belgique francophone avec la notion
de « haut potentiel », l'Espagne et le Portugal où
les expressions
officielles sont désormais respectivement « élèves avec de hautes
capacités intellectuelles » et « élèves qui font preuve de capacités
d'apprentissage exceptionnelles ».
- Dans la plupart des cas, aucun critère
précis n'est énoncé pour
définir les élèves entrant dans ces catégories. Si, dans plusieurs
pays, il est fait appel à des tests d'intelligence comme en Allemagne,
en Belgique ou aux Pays-Bas (avec parfois un seuil de référence), c'est
presque toujours dans le cadre d'une évaluation plus large prenant en
compte plusieurs facteurs. En Espagne, par exemple, trois dimensions
sont prises en compte : les aptitudes intellectuelles,
l'expertise dans
la réalisation de la tâche et le niveau de créativité. Une procédure a
été définie, réglementairement, pour déterminer l'appartenance à cette
population. Elle est prise en charge par une équipe interdisciplinaire.
- L'approche britannique est sensiblement
différente : en
Angleterre, la catégorie des élèves doués ou talentueux est définie
comme les 5 à 10 % de la population scolaire qui fournissent les
meilleures performances.
Des
prises en charge spécifiques :
- La volonté de développer une politique
cohérente de prise en
charge des élèves « à haut potentiel » est clairement
affichée dans
quelques pays comme l'Espagne ou la Belgique, mais avec des différences
régionales. Toutefois, dans ces pays, il n'a pas été créé de
« structures spéciales ».
- Dans d'autres pays, des initiatives
locales, dans le cadre de
l'autonomie laissée aux établissements (privés ou publics), ont parfois
conduit à la création d'écoles ou de classes spécialisées dans la
scolarisation des enfants « doués » ou
« talentueux ». Cette
possibilité existe aux Pays-Bas, en Allemagne, en République Tchèque ou
au Danemark, par exemple.
- Les dispositifs mis en place en
Grande-Bretagne sont sans doute
d'une autre nature. Ils reposent sur le principe de sélection de tout
ou partie des élèves pour le recrutement dans un établissement ou pour
participer à un programme particulier. En Angleterre, la National
Academy for Gifted and Talented Youth (NAGTY) coordonne les différentes
initiatives en faveur des enfants doués ou talentueux. Elle offre des
ressources aux professionnels, aux jeunes et aux parents.
La
différenciation des contenus et des activités :
- En Finlande, en Norvège ou au Danemark,
le principe de
différenciation semble suffisamment établi pour rendre possible sans
mesure particulière l'adaptation des activités et des contenus aux
enfants « doués ». En Belgique, une importante marge
d'initiative est
laissée aux établissements : les enseignants ont la possibilité de
proposer des tâches différentes, d'enrichir les parcours en proposant
des activités supplémentaires, de différencier les contenus et les
supports, de constituer ou non des groupes spécifiques à cet effet ou
d'ajouter des heures.
Dans plusieurs pays, des mesures
spécifiques sont prévues : en
Espagne, selon les résultats de l'évaluation, des mesures de
différenciation et d'enrichissement sont mises en place au sein de la
classe. Au Portugal, des activités spécifiques sont réservées aux
enfants surdoués, avec un accompagnement personnalisé, dans le cadre
des cours ou en dehors, sous la responsabilité de l'école. En
République Tchèque, des possibilités d'enrichissement
existent : cours
supplémentaires et différenciation dans certaines matières,
approfondissement et élargissement du programme, projets spécifiques
pour certains élèves. En Angleterre, l'enrichissement du programme, de
même que la mise en place de groupes de niveau, est possible au sein de
la classe.
L'individualisation
des parcours :
En Belgique germanophone, la situation de
chaque élève reconnu
comme « particulièrement doué » est analysée par une
équipe spécifique
qui établit un « programme personnel de
développement » (P.P.D.). Le
P.P.D. peut proposer des mesures d'enrichissement du programme dans le
cadre de la classe ou prévoir que les élèves quittent la classe pour un
travail individualisé ou pour des cours d'approfondissement regroupant
un petit nombre d'élèves à haut potentiel.
D'une manière générale, la possibilité de
concevoir des plans
d'apprentissage « personnalisés » ou
« individualisés » en particulier
pour les élèves d'âge lycéen, a été établie dans plusieurs
pays : en
Italie, en République Tchèque, en Norvège mais aussi en Angleterre ou
dans certains établissements allemands.
La
possibilité d'accélérer les cursus :
Elle existe, sous une forme ou une autre,
dans la plupart des pays européens :
- l'entrée anticipée à l'école primaire (en
Allemagne, en Belgique, en Finlande, au Portugal) ;
- les « sauts de classe »
(en Allemagne, en
Belgique, en Espagne, au Danemark, au Portugal, en Suède, en République
Tchèque) ;
- le passage anticipé des examens de fin de
cycle (en Belgique, en Grande-Bretagne, au Portugal).
Des possibilités d'accélération
différenciée existent dans
plusieurs pays, en particulier au nord de l'Europe : en
Grande-Bretagne, en Suède ou en Norvège, dans le secondaire, un élève
peut suivre des cours à un niveau supérieur. Le cas particulier de la
Finlande doit être souligné : au niveau du lycée, les
programmes ne
sont pas organisés par année d'étude. Les élèves peuvent donc
progresser plus rapidement, en suivant leur propre rythme, en fonction
d'un plan d'éducation individuel, ou passer des examens de leur propre
initiative.
Des
dispositifs pour valoriser les talents :
Dans la majorité des pays, des
enseignements artistiques ou des
activités sportives de haut niveau ont été développés, hors temps
scolaire, mais aussi sous la forme d'écoles spécialisées ou de classes
à option.En outre, il est fréquent que des
associations ou des organismes
divers organisent des activités pendant les vacances ou les week-ends,
à l'intention des élèves « doués » ou
« talentueux » (Pays-Bas,
Portugal, etc.) ; en Grande-Bretagne, par exemple, des cours
d'été sont
organisés par la NAGTY (National Academy for Gifted and Talented Youth)
pour les élèves du secondaire. Enfin, de très
nombreux concours, compétitions et « olympiades »,
permettent de repérer et de stimuler les élèves disposant d'aptitudes
particulières, y compris dans les domaines littéraires ou scientifiques
(Portugal, Suède, République Tchèque, etc.).
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