Quand un jeune se sent différent des autres jeunes, plus il grandit, plus cette différence s'accentue et plus il se sent exclu. On lui reproche sa différence, il se sent malheureux, ne comprend pas ce qui lui arrive, mais ressent que c'est cette différencequi l’éloigne du groupe malgré ses nombreuses tentatives pour se faire accepter. Pour Mathieu, Dorothée, Médhi, Julie, Paul et Camille, cette différence se nomme la précocité intellectuelle/ haut potentiel intellectuel. |
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Mathieu, est
sage, très sage, trop sage. En
maternelle, il attendait que les autres se taisent pour pouvoir
écouter la maîtresse, il écoutait
l’histoire sans bouger, il était toujours le
premier à lever le doigt. Mathieu joue peu avec
d’autres garçons, il préfère
les filles avec lesquelles il discute de ses passions… Mais chaque
matin, il a mal au ventre, il somatise et développe un
eczéma. Mathieu s’accommode, se met au
même niveau que les autres et finit par nier son potentiel
intellectuel. Pour tous, Mathieu est un élève
modèle et un enfant parfait, mais parfois pour un rien
à la maison c’est la crise ! Dorothée, qui a toujours aimé les livres mais éprouve des difficultés pour l'apprentissage de la lecture. Diagnostiquée dyslexique, elle poursuit une scolarité normale. L'orthophoniste considère que son haut potentiel intellectuel compense ses difficultés. Dorothée est une enfant très mature et très curieuse, en classe elle s’ennuie dans bien des domaines. Mais la conscience de son handicap la révolte, car cela la freine. Pour ses parents et enseignants, elle n’est pas suffisamment dyslexique pour une prise en charge et pas suffisamment bonne élève pour envisager un saut de classe. Aussi, non reconnue, elle aime jouer d'elle, se mettre en dérision. Ses camarades la trouvent géniale mais quand elle parle d'elle, Dorothée dit "je suis nulle". Medhi, ne supporte plus ses camarades qui ne comprennent pas ses règles de jeux, son raisonnement construit et son vocabulaire riche. Medhi pense qu’ils font exprès de ne pas comprendre, il se sent rejeté. Ils me détestent, ils se moquent de moi...pense-t-il. Alors, il devient agressif, d’abord à la maison ensuite à l’école; puis un jour, il tape. Quand il rentre à la maison Medhi pleure, il s’en veut et regrette de ne pas avoir pu se contrôler. Mais le lendemain sans qu’il puisse y faire quelque chose, il recommence. Son comportement et ses notes ne sont pas ceux attendus d’un enfant précoce. Pourtant son enseignante de CP dira de lui C'était un enfant curieux et brillant, dommage qu’il faille lui faire redoubler son CM2 |
Julie, est
une enfant pleine de vie, très sociable
et très sensible. Dans sa classe, elle a su faire sa place.
Elle prend en charge les autres élèves, les plus
fragiles, les plus lents, ceux qui sont malheureux, malades. Elle
bavarde beaucoup, aime donner et rappeler les ordres (rangez vos
feutres, ne faites pas ceci, ni cela…) à
défaut de se sentir à la place de
l’élève elle joue à la
maîtresse. Mais rapidement, la maîtresse trouve Julie trop
envahissante, trop bavarde. alors Julie attend,
rêve…. s limite pour faire plaisir aux autres. julie restera une trés
bonne élève sans fournir d'effort d'apprentissage. C'est une enfant
"adulte" qui pour l'instant "roule seule" sans aide. Paul, enregistre tout , il veut tout savoir sur tout. Il est passionné et souhaite partager son savoir. Pour lui et ses parents aller à l''école dés trois ans est une aubaine. Alors son cartable au dos, un cahier et des stylos, il est prêt à apprendre, à découvrir, à partager ce qu'il sait. Mais à l'école, Paul lève le doigt, prend la parole ou plutôt la monopolise. A l'école, il doit attendre, il doit se taire, il ne doit pas tout savoir.... alors Paul se révolte. Il refuse de colorier pour apprendre les couleurs car Paul veut écrire. Il refuse de faire le graphisme demandé car Paul veut apprendre à lire. Paul est en rebellion contre l'école, il s'agite, ne reste plus en place.... alors, il se fait gronder et punir. Paul n'aime plus l'école et n'aime plus écrire. En crèche, Camille ne veut surtout pas avoir de contact avec les autres enfants, elle les trouve dangereux. Ils la bousculent sans jamais demander pardon, arrachent ses jouets alors qu’il suffirait de les lui demander. Elle les trouve bruyants. "Ils parlent bébé" dit-elle. Alors, Camille s’isole au fond de la salle. Elle attendra souvent que tous les enfants soient sortis dans la cour pour faire un puzzle. |
A travers les
différents profils de ces jeunes enfants à haut
potentiel intellectuel,
on constate que, malgré leur
faculté intellectuelle, ces enfants arrivent difficilement à
s'intégrer dans le cadre scolaire et en souffrent ouvertement ou
silencieusement. Certains plus armés psychologiquement et soutenus par un référent adulte sécurisant arrivent à s'intégrer et à suivre une scolarité sans problème. D’autres s’intégreront un temps, jusqu’au jour où cela leur paraitra insurmontable. Et enfin, il y a tous ceux qui très tôt ne pourront contenir leur souffrance. Cette souffrance les isole des autres ou les éloigne de ce qu’ils sont vraiment, forcés avec le temps de perdre ce petit quelque chose qui faisait «leur diférence». |
Il
y a urgence pour ces enfants
de reconnaître leurs
différences et de respecter leur rythme d'apprentissage
pour leur éviter une souffrance inutile et les
nombreuses pathologies ou "déviances" qui peuvent y être liées : - Réactions caractérielles,d' opposition (A la maison et/ou à l'école, caprice, colère...) - Renonciation à ses capacités ( désintérêt de l'école, hyper-adaptabilité) - Troubles du comportement, de l'humeur (dépression, anorexie, phobie scolaire, trouble de l'attention...) - Trouble des apprentissage (les DYS..) - Trouble somatique (Tic ou toc, eczéma, crise d'asthme, maux de ventre..) - et pour 50% d'entre eux, l'échec scolaire.
Quand
on doute,
quand un enfant a un développement différent des enfants de son âge,
quand il s'intègre difficilement dans sa classe d'âge, éprouve des
difficultés d'apprentissage ou d'attention, change de comportement à la maison, il est important
d'identifier au plus tôt son profil cognitif par le diagnostic d'un
test de QI (test de WESCHSLER) afin que parents et professionnels en charge de l'enfant puissent mieux l'accompagner.
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Ces
enfants ont un potentiel intellectuel, QI >130, qui rend leurs
besois différents de la moyenne des autres enfants de leur âge. Ils ont
un fonctionnement cognitif spécifique et indépendant d'eux, qu'ils
garderont toute leur vie. Ces enfants ont une intelligence
(compréhension, adaptation et flexibilité) quantitative plus grande et
un développement cognitif en avance, une spécificité dans le traitement
et le stockage de plus grandes quantités d'informations, une grande
capacité créative qui diffère selon les domaines (pensée divergente et
convergente exprimée selon des performances observées), et un degré
d'engagement plus grand que la norme lorsqu'ils sont motivés. Cette
différence*, est perçue trés tôt dans l'enfance par un décalage
cognitif et social avec les autres enfants et le niveau d'attente
demandé par un adulte. Ce décalage est trés souvent ressenti par
l'enfant dont le HPI n'est pas repéré, par sa famille et son entourage
comme le sentiment d'une incompréhension. Quand
à l'enfant "HPI", "Surdoué", il semble qu'il ressente ce décalage le plus
souvent en collectivité, en milieu scolaire, dans des contextes qui
demandent à l'enfant de freiner l'expression de son potentiel pour
s'adapter au niveau des autres enfants du même âge. Aussi face à ce
sentiment d'incompréhension, surtout si dans le cadre familial,
l'enfant n'est pas limité dans l'expression de son potentiel, il risque
trés rapidement de penser qu'on lui demande de renoncer à s'épanouir
pour se conformer aux autres. Les
adultes et professionnes qui prendront en charge les enfants HPI,
devront impérativement tenir compte de cette différence de
développement et s'assurer du contexte bienveillant, sécurisant et
stimulant dans lequel ces enfants vont pouvoir exprimer leur potentiel
et s'épanouir. *Cette
différence est aussi expliquée par de nombreux auteurs comme une
intelligence différente avec une manière mutlidirectionnelle de traiter
l'information, (Jeanne Siaud Facchin parle "d'arborescence") et un
émotionnel trés lié au mental (olivier Revol parlera de "cascade
émotionnelle"), mais ces visions grand public est trés réductive. |
Parce
qu'elle ne se voit pas, elle est niée. Quand on peut percevoir la
différence, notre comportement s'ajuste. On se montre souvent plus
tolérant, plus patient. On a de l'empathie pour cet enfant différent et
on fournit des efforts pour son intégration. Pour l'enfant à haut
potentiel, c'est presque toujours à l'enfant et à sa famille de fournir
les efforts nécessaires à son intégration quand celui-ci n'est pas
maltraité. Si la maltraitance des enfants à haut potentiel est une
réalité heureusement de moins en moins fréquente elle reste inacceptable,
surtout quand elle est tolérée ou alimentée par l'adulte qui à la
charge de le protéger. Si "haut potentiel intellectuel" rime avec réussite scolaire et épanouissement... Il rime trop souvent avec solitude, ennui, paresse, décalage, probléme psychologique, difficulté dans les relations. Preuve que de nombreux enfants hpi ne rencontrent pas le contexte nécessaire pour exprimer leur potentiel et s'épanouir comme d'autres enfants. |
Permettre
l'identification en posant l'hypothèse du haut potentiel comme une
hypothèse parmi
d'autres. Une fois le haut potentiel de l'enfant confirmé par le test
du QI, ayons un regard différent sur eux et osons leur offrir le
meilleur. Avoir un regard différent sur eux Acceptons la différence ne soit pas déterminée en termes de plus, ou de moins, mais seulement en terme « d’autre ». Chaque enfant possède sa différence et son aptitude qui fera de lui un être unique et celui qui ne sera pas polytechnicien, sera journaliste ou un excellent cuisinier … Et, nous avons tous besoin de toutes les compétences intellectuelles et humaines. Oser leur offrir le meilleur en termes d’éducation, de scolarité et d’amour Car ce sont les
atouts
affectifs et /ou éducatifs qui vont donner à
l’enfant la capacité ou le désir de se
servir de son haut potentiel. L’équilibre
psychologique et l’investissement parental ne sont pas les seuls
garants pour transformer le haut potentiel intellectuel en
avantage, même s'il y contribue fortement.
Reconnaître le haut potentiel dans sa diversité Le milieu scolaire doit réduire
l’inégalité sociale en fournissant les
apprentissages et aliments intellectuels à tous les enfants
(beaucoup trop d'enfants de milieux les plus modestes ne sont
jamais reconnus intellectuellement précoces). Il serait sûrement préférable de
les voir en
polytechnique que sur les bancs des tribunaux comme meneurs de groupes
… car quand l’intelligence ne peut pas se mettre au
service de la société et du bien, elle
s’avère dangereuse pour la personne ou pour les
autres.
Proposer un parcours scolaire adapté à leurs différents profils cognitifs dans le respect du rythme d’apprentissage Envisager un saut de classe dès que possible
pour permettre à l'enfant de rentrer
dans les apprentissages
fondamentaux, de palier l'ennui et de se retrouver avec des
camarades ayant moins d'écart avec leur développement cognitif. De
plus, l'enrichissement et l'approfondissement pédaggogique souvent
proposés comme premières alternatives, amènent indubitablement à
l'accélération du cursus scolaire ou à la scolarisation par le CNED
si la proposition d'un saut de classe arrive trop tardivement.
Ne jamais mettre en doute le haut potentiel intellectuel d'un enfant
Se
rapprocher de professionnels ayant une
expérience auprès de ces enfants pour comprendre et échanger
ce qui nous interroge. Le manque de maturité
reproché à tort aux HPI est souvent confondu avec un réel besoin
d'affection, de reconnaissance et de sécurité. Et pourtant, quoi de plus normal que de demander une preuve
d’affection, de sécurité lorsqu’on se sent si différent
et que tout ce qui se passe ou se dit autour de vous, vous interroge et vous inquiète.
Accepter la diversité des enfants à haut potentiels. C’est aussi accepter que certains HPI soient
moins manuels, moins sportifs ou moins scolaires que d'autres (un
HPI n'est pas toujours synonyme de bon élève et un excellent
élève n'est pas nécessairement un HPI). Accepter qu'ils ne soient pas performants
dans toutes les matières mais les obliger à
être volontaires pour chacune d'entre elles, reste
légitime.
Les aider à se construire Pour leur équilibre
psychologique et leur adaptation sociale, ces enfants doivent
dès le plus jeune âge évoluer avec
leurs pairs "effet miroir" pour les aider à
trouver leur place dans la société et dans le
milieu scolaire. A
l' adolescence, dans la recherche d’un groupe qui leur correspond,
ils peuvent se trouver en
danger, car attirés par tout ce
qui leur
semble sortir de l’ordinaire. Il est important aussi qu’un adulte
relais sache leur expliquer cette différence cognitive et émotionnelle
dont ils
devront tenir compte dans les relations à l’autre. Comprendre qui on
est pour comprendre les autres, apprendre
à s’accepter avec ses forces et ses faiblesses
pour mieux accepter l’autre. Mais ne jamais
permettre à l’enfant de confondre son QI
élevé avec sa valeur humaine.
Apporter aide et soutien aux familles l'AE-HPI que j'ai crée donne un cadre qui permet à l'enfant HPI de trouver le lieu, les
activités et l'écoute appropriés pour s'épanouir. Les enfants s’y retrouvent entre eux et peuvent y
faire l’expérience de connivence et
d’aptitude à partager avec leurs pairs. Et peu
importe, si c’est dans telle association (AE-HPI ou une autre) ou si
c’est dans un autre contexte (l’école, les centres de vacances,
l'accompagnement personnalisé…) que l’enfant à haut potentiel trouve
l'aide et la reconnaissance appropriée pour poursuivre un parcours
scolaire adapté, partager avec ses pairs et s' épanouir car si Camille, Medhi, Mathieu, Julie, Grégoire et Paul étaient présents, ils vous diraient :
"Intéressez-vous à notre différence, c'est ce que nous avons de plus précieux.
La nier, c'est nous rejeter, la reconnaitre c'est nous permettre de vivre heureux" |